Lettonie, 2002 |
Un noir intense et absolu révèle des espaces abstraits, fragments arrachés à nulle part. Des contrastes somptueux, des gammes infinies de gris et de blancs montent des profondeurs. Un noir qui respire, habité. Comme un souffle d'une délicatesse infinie, la lumière, spectrale, affleure, sourd du néant, une buée fragile flotte et semble hésiter avant peut-être de sombrer, happée par l'ombre dense qui s'étend. Du quotidien rude et ingrat émane une clarté singulière.
Qui vient à ma rencontre, qu'est-ce qui remonte des profondeurs, et me bouleverse, et me transforme ?
Mer Noire |
Des phares de voiture allument le chemin désert avant de disparaître, des troncs graciles de bouleaux argentés griffent l'obscure forêt, un visage noyé de givre dans la vitre d'un bus surnage, nénuphar hypnotique, un chapeau de paille comme une auréole oscille au-dessus d'une tête effacée, une silhouette brumeuse dans un halo s'effiloche... rien pour se retenir, se planter là, aucun appel, aucune invitation à trouver le repos, à renoncer à la solitude, à chercher toujours, le silence de figures à peine entrevues, impénétrables, qui renvoient à l'errance, lieux désolés et perdus qui racontent l'exil... et pourtant, une douceur poignante et inattendue s'insinue dans cette quête obstinée. Je communie profondément avec ces visages inconnus et muets, ces paysages fossilisés, obscurs et irradiés. J'entends murmurer, doucement, et je résonne comme un tambour.
Kaliningrad 2004 |
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