La Princess' plus camion que carrosse qui préfère la fée Carabosse.

mercredi 21 décembre 2011

Le Père Noël est un artiste

Entrée libre

Je me consacre enfin à la chronique d'un évènement culturel auquel je contribue en ce moment comme médiatrice, avec plusieurs jours de retard. La maîtresse acceptera mon mot d'excuse si elle sait que j'ai mis du coeur à l'ouvrage ( et oui, je l'ai jeté dans l'aventure ) et qu'un virus nomade colonise ma gorge, embrume ma voix, enserre mes tempes et carbonise ma poitrine. Personne ne m'a demandé de me consumer sur l'autel de l'Art et des artistes, mais comme d'habitude, je fais mon intéressante.
La Place des Arts à Toulon est une association dont la mission est tellement unique qu'elle mérite d'être distinguée. Elle offre en premier lieu une écoute attentive, et dans cet espace ouvert, un projet artistique peut s'énoncer, ensuite se construire dans la réalité, et au contact des autres, s'enrichir et s'affirmer. Et par les temps qui courent, ça fait du bien.
Du mieux qu'elle peut, et avec les moyens du bord associatif, elle accompagne les acteurs du secteur culturel pour mener à bien leurs projets professionnels. En leur apportant du conseil, de la formation dans des ateliers spécifiques et adaptés ( créer son site internet, choisir son statut fiscal et social, réaliser son book, développer son réseau... toutes ces étapes indispensables ), et en mettant à leur disposition une galerie boutique.
Noël approchant, l'occasion était toute trouvée pour solliciter les créateurs de la maison Place des Arts à aller à la rencontre du public, plus enclin peut-être en période de Fêtes à accueillir les suggestions de cadeaux.
Le Noël des créateurs s'éclate au coin de la rue, c'est le moyen de tricoter du lien, de fédérer les talents autour d'un évènement, de provoquer les rencontres, d'écrire un itinéraire comme une guirlande autour d'un lieu d'exposition, proposer un lèche-vitrine avec des oeuvres qui attisent les convoitises, tenter d'allumer un coin de quartier un peu ingrat, et des ombres qui dansent sur les façades des maisons murées. C'est la façon dont je vois les choses, avec humilité ( la médiation est au service des oeuvres, des artistes, du public ) et audace en même temps ( parce que j'y crois encore ).




Petite visite commentée, hop là, c'est par ici !


Les planches sont épaisses, usées comme un pont de bateau, creusées au milieu et l'herbe y pousse, et découpe un  rectangle de verdure où l'on pourrait semer des fleurs... La table de Bertrand Paul subit une mutation, devient pelouse, évoque le pique-nique à la campagne, et étrangement, entretient une drôle de connivence avec l'installation ludique et poétique de Thomas Bissière, Le Déjeuner sur l'herbe. Posée sur un tapis vert et dru, une table épurée à l'extrême, et dessus, comme sur un écran, l'image projetée d'une jeune femme qui tournoie, semant autour d'elle les fleurs du tissu imprimé de sa robe d'été. Hypnotique et lancinant, comme un souvenir qui vous obsède.




Dans la vitrine, les cartes postales tendres de Lisa Dora Fardelli redonnent le goût de la correspondance, celle qui fait coucou, juste comme ça, semée de petites phrases...  Il fait très beau je pense à toi bisous.
Les lampes et suspensions de Delphine Augé, choux de papier plissé froufroutant, défient la pesanteur, ou invitent au recueillement, livres ouverts dont on ébouriffe les pages et qui font le dos rond sous la lumière.






Les petits personnages de papier de Renaud Piermarioli, courent en  rond, pressés, absurdes et fragiles, sans jamais se rejoindre. Hé ! Ne pars pas ! Attends moi ! Pfff... hh... hh... Pfff...
C'est drôle, et tragique en même temps, comme la condition humaine.
Où il est dit qu'il est incontournable de courir après l'inaccessible.


Et si nous poussions la porte pour entrer ? 



La mort sourit de toutes ses dents cannibales, parée, tatouée, brodée, fardée, emperlousée et provocante, ravageuse et tape à l'oeil. Les crânes de papier mâché de Frédérique Montagnac hypnotisent et ricanent, roulent des orbites fleurs et des yeux paillettes, se moquent de notre fascination superstitieuse, claquent des crocs dans un show chicano, et racolent comme une attraction de fête foraine.


Un collier, dans l'univers d'Anne Daniel, peut tenir chaud, comme un petit col prévenant qui se boutonne, et oblige à porter la tête haute. Il y a des reines qui subliment les brins de laine, choisissent le bois flotté comme parure, érigent la noix de cyprès au rang de pierre précieuse, et empruntent les franges des abat-jours pour voiler joliment la naissance de leur cou.



Vincent Yohannhardt, Méphisto du container en PVC, transfigure bidon, jerricane et bouteilles, il les chauffe, les tord sous la flamme, les perce, les évide, les écrase, et la lumière à l'intérieur, c'est le feu qui couve... Maquillée de peinture métallisée, la matière triche, et éclabousse le mur de gouttes ambrées.






Les déclinaisons ludiques d'un crochet à vis, mis en scène dans tous ses états, dans des vignettes laconiques, sont si pertinentes et si drôles... hameçon du poisson, point d'interrogation, haltères du gymnaste....  Renaud Piermarioli, avec des petits dessins qui disent tout l'air de rien, explore le jeu des possibilités et des combinaisons qui font mouche.

Lisa Dora Fardelli dessine des lapins roses avec des nez comme des coeurs pailletés, des petits nuages flottant et irisés, et des fleurs sur de longues tiges. Elle dessine de très beaux portraits de femmes, sensuels, avec un trait sûr, nerveux et élégant, des encres douces en lavis qui laissent passer la lumière. Elle dessine aussi des corps nus, renversés, offerts, ouverts, sauvages et provocants, décapités, écartelés. Lisa Dora est une drôle de fille, un mélange détonnant d'enfance, sucrée et tendre, et de crudité débridée qui n'a pas froid aux yeux.





Demi mondaine



Quel mystère inquiétant s'échappe de cette oeuvre à la fois provocatrice, irrévérencieuse et solennelle. Une femme est mise en scène, comme dans un portrait de cour, elle est assise en robe de marquise. Sa tête étrangement est celle d'une poule, cocotte travestie, et son bras brandit un sceptre étrange, un instrument d'astronomie, qui mesure la course des astres et pousse comme un arbre.  
Marc Bonet Durbec emprunte à la tradition du photomontage dada, et greffe éléments organiques et mécaniques pour recomposer une figure hybride et onirique, qui sonde avec un humour grinçant le rapport entre l'image et les mots et le vertige des apparences.






La maison Place des Arts accueille d'autres pensionnaires, et grâce à Patrick Palmer, photographe, qui capte les reflets de la ville, l'ancienne qui s'éteint, et un instant vacille encore, et la nouvelle qui pousse, je voudrais rendre hommage au chat. Comme il existe des rats de bibliothèque, Diamant est un chat d'exposition, immobile et délicat, un chat mélancolique et graphique qui parfois graphe, mais jamais ne gratte ni ne griffe.  

Et pour compléter, histoire de ne pas mourir totalement idiot(e), petit tour des blogs amis qui relaient l'évènement, celui de Patrick Palmer, celui de La Fiancée du pirate, celui de Florence Galibert, la fée majeure de Place des Arts, le blog officiel de l'association ADAI-Place des Arts, celui de Variation.
Et pour finir, Iconophage, l'émission culturelle de Radio Active. Des liens en veux-tu, en voilà, et TRA LA LA, LA LA !

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