La Princess' plus camion que carrosse qui préfère la fée Carabosse.

mercredi 9 juillet 2014

Etres femmes #1

Voilà les fées Carabosse génération 2.0, princesses mauvais genre, pouffes délurées et sexy, coquines burlesques, femelles intenables et scandaleuses péronnelles, elles écrivent, chantent, filment, peignent, sont photographes, journalistes, plasticiennes... Elles pensent et parlent cash, et donnent à leur façon un coup de plumeau ravageur à la féminité correcte et normée.
Petit tour d'horizon décapant de ces nanas provocantes, indignes empêcheuses de tourner en rond, sacrées emmerdeuses qui secouent le pompon des étiquettes et autres définitions gravées dans le marbre, et collent une bonne claque aux préjugés et aux tabous qui pèsent sur la sexualité féminine.
Audacieuses, inspirées, bourrées de talent et d'humour, elles bousculent pêle-mêle le genre, l'identité et les critères esthétiques sans avoir besoin d'aucune légitimité. Et dans le paysage terne et morose, elles allument autant de diablesses flammèches pour nous mettre le feu là où il faut.
Petra Collins est canadienne, photographe et écrivain. Toute jeunette, elle est déjà considérée comme l'une des meilleures photographes de moins de 30 ans et collabore à de nombreuses revues, Vogue Italia, Garage, Rookie magazine, Vice... Elle a déjà eu droit à son exposition personnelle à New-York et a fondé The Ardorous, un collectif d'artistes délurées qui abordent la sexualité féminine sans pudibonderie, mi hardeuses mi fleurs bleues, des filles quoi.
Ses images, comme la série Teenager gaze, montrent l'univers des filles adolescentes. Les sorties avec les copines, les séances de maquillage devant la glace de la salle de bain,  en soutien-gorge et petite culotte, les fringues vintage et les mèches de cheveux roses ou vertes, un diadème de princesse de pacotille qui vacille, et des yeux amandes tristes étirés par le liner. Elles ont toutes l'air d'attendre quelque chose, ou d'avoir renoncé à tout, si lasses, petites pouffes kitsch et destroy. Quand il y a de la lumière, l'image est surexposée, comme une photo amateur ratée qui crame les couleurs et les formes, sinon elle est cradingue, elle n'est pas là pour faire joli, elle est comme elle est, en vrai.





Petra Collins a déclenché un véritable tsunami médiatique avec son T Shirt dessiné, même si la crudité du sujet est quand même adoucie par le parti-pris graphique et la couleur aquarellée. Face aux réactions outragées d'une partie des médias, elle pose les questions qui fâchent. Pourquoi la représentation du sexe féminin, du plaisir et de la réalité physiologique naturelle (la menstruation) provoque-t-elle autant de dégoût, de peur, de rejet ? Personne ne semble plus s'offusquer vraiment devant le visage tuméfié de la chanteuse Rihanna, battue par son petit ami, exposé dans la presse à scandale pour booster les ventes, ni devant les kilos en trop d'une actrice moins sexy après sa grossesse, les photos de son corps déformé à la une, jeté en pâture aux critiques et aux moqueries. Petra Collins s'attache à dénoncer la violence des traitements infligés aux femmes, la censure systématique de la jouissance féminine, le tabou lié au sang menstruel, sale, impur, incongru, malodorant, et l'impact destructeur sur la relation des femmes avec leur corps et leur sexualité, honteux, dérangeants, inconvenants.


Une autre artiste, new-yorkaise celle-là, Sophia Wallace, a décidé de nous éduquer et de permettre à l'humanité de sortir enfin de son ignorance bornée. Son œuvre monumentale (3m x 4m, quand même, impossible de ne pas la voir, avec son néon raccoleur), joliment baptisée Cliteracy, qui pourrait se traduire par Cliterralement, nous délivre une bonne centaine de lois naturelles, données scientifiques, informations historiques, statistiques et moulte références à l'architecture, la pornographie, la pop culture, toutes consacrées au clitoris, Clito pour les intimes.
Elle réhabilite cet organe au rang qui lui est dû,  bien au-delà du simple petit bouton charnu, vestige, inutile pour une proportion considérable d'hommes et de femmes, d'un appendice plus conséquent et aujourd'hui disparu. Grâce aux études d'une urologue australienne, Helen O' Connel, nous découvrons la réalité cachée, l'existence à l'intérieur du corps d'un organe complexe, érectile, comme une pince enserrant le vagin, et pouvant mesurer jusqu'à 12 cm de long au repos. Le véritable organe sexuel féminin, enfin révélé, source de plaisir, mais souvent ignoré, éventuellement optionnel, faute de mieux. Le vrai plaisir, voire le seul existant, est toujours, incontestablement celui de la pénétration, le plaisir que l'homme donne, dans toute sa puissance virile.



Cliteracy est une œuvre didactique, conçue comme un manifeste (l'artiste n'a pas voulu confiner son travail dans une galerie, et a réalisé une campagne d'affichage sur les murs de New-York) avec des vérités qui dérangent,  appelant à une nouvelle expression du corps et de la sexualité. Saviez-vous que la chirurgie du clitoris, capable de restaurer sa sensibilité, est toute récente, contrairement à celle du pénis, qui existe depuis des lustres, consacrée par des milliers d'ouvrages ? Jusqu'à il y a peu,  rendre le plaisir à des femmes excisées n'intéressait personne.




Le programme Cliteracy s'il est sérieux, documenté, scientifique, est aussi drôle et décomplexé. Il prévoit aussi un clito rodéo. Une sculpture dorée, anatomiquement juste, représentant un clitoris surdimensionné et chevauchable, donne lieu à des performances interactives avec le public.

« La cliteracy c'est de ne pas voir son corps contrôlé ou réglementé. Avoir accès au plaisir, qui est un droit de naissance, est un acte politique fort ». Yihaaaa !



Chloé Wise est canadienne, plasticienne, encore une jeunette biberonnée à la culture numérique, catégorie digiféministe. Narcissique, folle de son téléphone portable et droguée aux selfies, elle n'en est pas moins en prise directe survoltée avec le monde. Ses publicités canulars sur les tampons périodiques, tampons horoscopes, graines bio, en marbre ou arty, sont hilarantes. Dotée d'un solide sens de l'humour, elle croque le monde à belles dents et s'attaque aux tabous dans un grand éclat de rire.


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