La Princess' plus camion que carrosse qui préfère la fée Carabosse.

mardi 14 juin 2011

Un Américain à Paris

Photo Caribb CC
Je viens de voir Midnight in Paris au cinéma, le dernier film de Woody Allen. Et voilà que s'est ravivée ma nostalgie de la capitale. Comme Woody, j'aime Paris quand il ressemble à une carte postale que l'on envoie à quelqu'un que l'on aime. Je suis incorrigible, mais je fonds toujours d'amour devant la Tour Eiffel qui clignote dans la nuit veloutée, sa dentelle de métal scintillante, légère comme une résille. Elle fait partie de mon paysage, de mon décor à moi, elle allume mon coeur comme elle allume la nuit de Paris, et une étrange excitation m'envahit, le film va commencer, je retiens mon souffle. Tout devient possible.
Après toutes ces années, je suis toujours stupéfiée par la beauté de Paris. Maintes fois, je me suis arrêtée, saisie soudain par la merveille de Notre Dame, ciselée par la lumière délicate de juin, apaisée par l'Ile de la Cité, berceau calme de verdure flottant, rafraîchie par les bassins des fontaines sous les feuilles du jardin du Luxembourg, charmée par la douceur de macaron du Pont Neuf, doré et rose les matins de mai. Paris reste toujours une ville pour marcheur arpenteur, qui comme moi connaît avec ses pieds, mesure la ville à l'aune de ses enjambées, au rythme de la marche qui cadence les distances, monte à l'assaut des buttes, dévale les rues en pente, ralentit pour s'en mettre plein la vue, le nez en l'air ou en rase-mottes, arrondir enfin ses fesses sur un banc qui parle d'amour, tatoué de coeurs maladroits, et observer les passants avec indulgence, goûter le soleil généreux à la terrasse d'un café, engourdie, vaguement attentive aux conversations alentour qui bourdonnent comme des abeilles. Et quelle merveille quand il pleut, à la tombée du soir, les lumières des réverbères flottent dans les flaques d'eau tremblotantes, et Paris mouillé sent bon le bitume détrempé et les feuilles des arbres lavées libèrent leur parfum de sève.


Soudain, à la faveur d'un changement subtil de lumière, un air de musique effiloché, une robe fleurie de bouquets, charmante et désuète, un roman posé sur la table, près de la tasse blanche, des lambris patinés et le halo des abat-jour, une magie opère avec la nuit qui vient doucement, peuplée d'ombres amies. Il est possible alors de croiser Hemingway, Dali, Picasso et Man Ray. Leurs fantômes sont toujours ici, hantent les lieux de leur jeunesse inspirée, et sourient à ceux qui savent les voir. J'aime Paris comme Woody, et son Américain à Paris. J'aime son romantisme naïf, parce que loin de l'enfermer dans un regret amer et stérile, il le pousse au contraire à réaliser ses rêves.

Respirer Paris, cela conserve l'âme.V. Hugo

Loin de Paris, je vis l'exil, et c'est un état qui me convient. Je l'entretiens. Poseuse, moi ?
Lorsque je ne vais pas au cinéma, je lis, ou bien j'écris, je griffonne, ou bien je vernis les ongles de mes orteils, histoire de les voir sourire dans mes sandales, je tire un fil rose de chewing gum Malabar machouillé hors de ma bouche pour l'enrouler autour de mon index, cela m'aide à réfléchir, ou encore je traque les moments gracieux et malicieux, le grain à la surface des choses.


Une dynamique efficace

Mettre en avant ses atouts
Un CV accrocheur
Si je ne suis pas investie dans toutes ces occupations essentielles, je cherche un emploi essentiel. Ma quête se résume en plans fixes, que j'enverrais bien aux recruteurs, s'ils étaient des amis sensibles à mon sens de l'humour, dans un monde plein de fantaisie à la Woody. Mais chercher un travail, c'est sérieux, et la plupart du temps, navrant, comme le hall d'accueil du Pôle Emploi, contre lequel il serait vain et stupide de s'insurger. La compassion me semble plus adaptée. J'enrobe de compassion comme de sucre glace les sièges raides et durs, le distributeur de tickets qui transforme les êtres en numéros, les panneaux d'affichage illisibles et cyniques, les humains impuissants derrière les guichets, et devant les guichets, les humains impuissants en file résignée.



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