La Princess' plus camion que carrosse qui préfère la fée Carabosse.

mercredi 15 septembre 2010

Ange nippon

Tojimbo est un endroit sauvage, la côte déchiquetée domine la mer, des falaises majestueuses se dressent au-dessus de l'eau furieuse qui explose contre la roche... Ce paysage grandiose se trouve au Japon, à quelques 400 km au nord ouest de Tokyo. Très prisé des touristes, ils viennent nombreux goûter des sensations fortes, le vent qui fouette les visages, l'horizon immense, le vide qui s'ouvre presque sous leurs pieds, le vertige qui les saisit et fait battre leurs coeurs à tout rompre... D'autant plus enivrant qu'aucun garde-fou n'est prévu pour les protéger d'un à pic impitoyable. Une aubaine pour les désespérés, une provocation même, si l'on considère que les autorités municipales, soucieuses de satisfaire les touristes fascinés, se refusent à installer le moindre parapet de protection. Tojimbo reste une attraction pour les vacanciers, mais aussi pour les candidats au suicide. En 10 ans, 257 personnes sont venues se précipiter dans la mer. Ces statistiques macabres sont exploitées par les agences de tourisme qui vantent le frisson garanti sur le circuit maléfique. Et pour ceux qui souhaitent ramener un souvenir plein d'humour, ils peuvent s'offrir un tee-shirt imprimé : Je vis un enfer ou Je suis las de vivre sont les slogans les plus appréciés !
Vigie auréolée 
Révolté, un ancien policier à la retraite s'est mis en tête de sauver les malheureux qui veulent en finir. Yukio Shige arpente les falaises, par tous les temps, ses jumelles rivées sur les crêtes, pour repérer les silhouettes fragiles et exténuées de vivre. Il réussit à les approcher, les interpelle, hé ! attends une minute !  C'est devenu son surnom, monsieur attends une minute réussit à engager la conversation et parvient à détourner certains du plongeon fatal. Il a sauvé comme comme ça 175 personnes depuis 4 ans, fondé une ONG forte de 77 volontaires, dont certains suicidaires repentis, ouvert un café chaleureux pour accueillir ses rescapés et les restaurer. Il combat la dépression et le chagrin, le cynisme des professionnels du tourisme à sensation, le laxisme et l'indifférence des autorités. Il réconforte, il héberge, il contacte les proches, il accuse, il dénonce. Inlassablement. Avec lucidité et une santé, un équilibre imperturbables. Sans complaisance. Il continue simplement à faire son travail, celui d'un policier qui doit protéger la vie des gens. Même retraité, Yukio poursuit sa mission. Il est resté flic dans l'âme, mais 2 ailes ont poussé dans son dos. Et la nuit, une auréole s'allume au dessus de ses cheveux gris.

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