Les nuages parlent du temps qu'il fait, des orages qui se préparent et du calme espéré, ils cachent la maison du Père Noël, et abritent le Paradis. Ils inspirent les poètes, les rêveurs, ceux qui espèrent s'affranchir de la pesanteur ici bas, persuadés que l'infinie perspective les libèrera de l'étroitesse de vue. Dans leur course mouvante effilochée par le souffle du vent, ils recueillent les prières et enfouissent les secrets dans leurs joues molletonnées. Etiré, effrangé, éparpillé, pommelé, dodu et boursouflé, nacré, iridescent, mordoré, primesautier, transparent, diaphane et froufroutant, sombre et menaçant, lourd, dense et barbouillé, le nuage a ses états d'âme.
La Princess' plus camion que carrosse qui préfère la fée Carabosse.
mardi 29 novembre 2011
Catalogue des nuées
Les nuages parlent du temps qu'il fait, des orages qui se préparent et du calme espéré, ils cachent la maison du Père Noël, et abritent le Paradis. Ils inspirent les poètes, les rêveurs, ceux qui espèrent s'affranchir de la pesanteur ici bas, persuadés que l'infinie perspective les libèrera de l'étroitesse de vue. Dans leur course mouvante effilochée par le souffle du vent, ils recueillent les prières et enfouissent les secrets dans leurs joues molletonnées. Etiré, effrangé, éparpillé, pommelé, dodu et boursouflé, nacré, iridescent, mordoré, primesautier, transparent, diaphane et froufroutant, sombre et menaçant, lourd, dense et barbouillé, le nuage a ses états d'âme.
lundi 14 novembre 2011
Les chouettes chaussettes de l'archiduchesse

mercredi 9 novembre 2011
L'ivresse des profondeurs

mardi 8 novembre 2011
Mystères et boules de gomme
Tout au long de mon enfance, des expressions, des phrases mystérieuses glanées au fil des conversations des adultes me plongeaient dans la perplexité la plus complète et m'entraînaient dans des rêveries sans fin. L'une d'elle était la flamme du soldat inconnu. Combien de suppositions, d'interprétations toutes plus fantaisistes les unes que les autres, que je préférais à une explication me ramenant à la réalité la plus triviale. Cette fameuse flamme m'enchantait. Elle éclairait pour moi la voie du courage, de l'audace, et de la passion qui enfiévraient ce militaire mystérieux, qualités si intenses qu'elles ne pouvaient s'éteindre et continuaient à flamboyer sous l'Arc de Triomphe. J'appris que la nation prenait soin tous les jours de son feu patriote, pour le remercier d'avoir autant brûlé pour elle. J'étais remplie d'admiration devant une mission aussi élevée : raviver la flamme pour qu'elle ne meure jamais. J'hésitais longtemps pour choisir ma destinée. Raviveuse de flamme me semblait enviable, j'ignorais alors qu'il existait de multiples façons d'allumer les passions. Mais mon enthousiasme fut enseveli sous les révélations les plus sombres. J'appris que les hauts faits du soldat étaient muets, comme sa biographie. S'il était inconnu, c'est parce qu'il était méconnaissable. Le trouble excitant du héros masqué s'évanouit, pour laisser place au cadavre déchiqueté d'un pauvre troufion, à jamais sans histoire, sans famille pour le réclamer, sans amis pour le veiller, et sans amour reconnaissant pour déposer sur sa tombe des fleurs.
La salle des pas perdus connut le même dénouement. Quelque part, un lieu affamé engloutissait les pas de ceux qui en foulaient le sol, un lieu où l'on marchait en vain sans trouver d'issue, où les traces s'effaçaient ! Je découvris que l'espace glouton n'était qu'un vulgaire vestibule où l'on trépigne, un passage anonyme que l'on traverse en se pressant, une salle d'attente où l'on fait les cent pas. C'était partout et nulle part, seule la démesure glaciale de l'endroit dominait, qui interdisait à chacun de s'y attarder, même pour reprendre son souffle.
Heureusement, l'initiative récente du designer Charles Kaisin a sauvé pendant quelques mois de la froidure polaire, la salle des pas perdus du Palais de Justice de Bruxelles. Sur une immense trame de fils rouges tissés au plafond, il a suspendu 10.000 origamis, des fleurs d'iris pliées dans des pages du code civil et pénal, un travail minutieux réalisé par des détenus de la prison de Saint Gilles. Un champs de fleurs virevoltait au-dessus des têtes au moindre souffle d'air, fragile kaléidoscope de papier, éphémère et ludique. Le passant étonné ralentissait sa course et s'arrêtait le nez en l'air. Le pas perdu n'était plus égaré, et reprenait son chemin après une halte récupératrice de forces nouvelles.
Je sus très vite que la destinée humaine pouvait être rude, et qu'il fallait s'attendre à lutter le plus clair de son temps, mais en baver des ronds de chapeau, alors ça, c'était inacceptable. Baver, c'était déjà dégoûtant, et ressembler à une gargouille barbouillée de salive ne me tentait pas du tout, mais cracher, que dis-je, expectorer des chapeaux mutilés, c'était effrayant. Je plaignais sincèrement les malheureux soumis à ces abominations, qu'avaient-ils donc fait pour mériter une telle humiliation ? Pour accroître encore le tragique de leur situation, les chapeaux bavés devaient avoir piètre allure, tout ramollis, informes, vaguement visqueux, et dépourvus de bords. De misérables cloches, galurins définitivement irrécupérables !
J'aborde encore une fois la religion, pour évoquer l'ImmaTRIculée Conception. J'avais une dizaine d'années je crois, et j'ignorais tout du mot immaculée. J'ai cherché à faire mon arrogante, et mademoiselle je sais tout s'appropria le vocable inconnu en misant sur de vagues réminiscences qu'elle ne maîtrisait pas. Mon bricolage linguistique accrut ma perplexité. L'Immaculée Conception, mystère déjà complexe à appréhender si l'on n'est pas doté d'une foi solide, devenait une aberration pour l'entendement, affublée d'une plaque minéralogique. La Vierge Marie avait mis au monde le petit Jésus, jusque là je comprenais à peu près la situation, je refusais néanmoins les détails scabreux concernant le fruit de ses entrailles ( beurkkkkkkkk ! ), et le fait que Joseph était bien son mari, mais pas le père de son divinenfant. Le père, me laissais-je dire, bien qu'une telle révélation me heurta, le père était Dieu, qu'elle n'avait jamais rencontré mais qu'elle connaissait quand même. Soit, mais je mis davantage de temps à accepter que la maternité de Marie nécessitât qu'on la numérotât. Marie, première mère porteuse bénévole de l'Histoire, fallait-il l'identifier comme le saint véhicule qu'elle était ? Transportant Jésus dans son ventre sur des routes peu sûres, pouvait-elle s'égarer, et ainsi son matricule lui garantissait d'être identifiée, reconnue et protégée ? Je me rangeais à cette explication, somme toute satisfaisante, parce qu'elle rendait à Marie sa dignité et sa valeur, et à son miraculeux lardon sa qualité de colis exceptionnel.
Une dernière question me hante. Pourquoi dit-on, lorsque une conversation s'éteint et que le silence se fait, pourquoi dit-on toujours qu'un ange passe ? Et s'il passe, pourquoi ne s'arrête-t-il jamais ?
La salle des pas perdus connut le même dénouement. Quelque part, un lieu affamé engloutissait les pas de ceux qui en foulaient le sol, un lieu où l'on marchait en vain sans trouver d'issue, où les traces s'effaçaient ! Je découvris que l'espace glouton n'était qu'un vulgaire vestibule où l'on trépigne, un passage anonyme que l'on traverse en se pressant, une salle d'attente où l'on fait les cent pas. C'était partout et nulle part, seule la démesure glaciale de l'endroit dominait, qui interdisait à chacun de s'y attarder, même pour reprendre son souffle.
Heureusement, l'initiative récente du designer Charles Kaisin a sauvé pendant quelques mois de la froidure polaire, la salle des pas perdus du Palais de Justice de Bruxelles. Sur une immense trame de fils rouges tissés au plafond, il a suspendu 10.000 origamis, des fleurs d'iris pliées dans des pages du code civil et pénal, un travail minutieux réalisé par des détenus de la prison de Saint Gilles. Un champs de fleurs virevoltait au-dessus des têtes au moindre souffle d'air, fragile kaléidoscope de papier, éphémère et ludique. Le passant étonné ralentissait sa course et s'arrêtait le nez en l'air. Le pas perdu n'était plus égaré, et reprenait son chemin après une halte récupératrice de forces nouvelles.
Poupon baveux |
J'aborde encore une fois la religion, pour évoquer l'ImmaTRIculée Conception. J'avais une dizaine d'années je crois, et j'ignorais tout du mot immaculée. J'ai cherché à faire mon arrogante, et mademoiselle je sais tout s'appropria le vocable inconnu en misant sur de vagues réminiscences qu'elle ne maîtrisait pas. Mon bricolage linguistique accrut ma perplexité. L'Immaculée Conception, mystère déjà complexe à appréhender si l'on n'est pas doté d'une foi solide, devenait une aberration pour l'entendement, affublée d'une plaque minéralogique. La Vierge Marie avait mis au monde le petit Jésus, jusque là je comprenais à peu près la situation, je refusais néanmoins les détails scabreux concernant le fruit de ses entrailles ( beurkkkkkkkk ! ), et le fait que Joseph était bien son mari, mais pas le père de son divinenfant. Le père, me laissais-je dire, bien qu'une telle révélation me heurta, le père était Dieu, qu'elle n'avait jamais rencontré mais qu'elle connaissait quand même. Soit, mais je mis davantage de temps à accepter que la maternité de Marie nécessitât qu'on la numérotât. Marie, première mère porteuse bénévole de l'Histoire, fallait-il l'identifier comme le saint véhicule qu'elle était ? Transportant Jésus dans son ventre sur des routes peu sûres, pouvait-elle s'égarer, et ainsi son matricule lui garantissait d'être identifiée, reconnue et protégée ? Je me rangeais à cette explication, somme toute satisfaisante, parce qu'elle rendait à Marie sa dignité et sa valeur, et à son miraculeux lardon sa qualité de colis exceptionnel.
Une dernière question me hante. Pourquoi dit-on, lorsque une conversation s'éteint et que le silence se fait, pourquoi dit-on toujours qu'un ange passe ? Et s'il passe, pourquoi ne s'arrête-t-il jamais ?
dimanche 6 novembre 2011
Bêtes à Bon Dieu

RECETTE DES TETONS DE SAINTE AGATHE
3 oeufs
75g de farine
75g de sucre
1 citron
1 pointe de sel
150g de sucre glace
1 blanc d'oeuf
2 c.c de vinaigre blanc ou jus de citron
Cerises confites
Cerises confites
Râpez le zeste de citron et réservez.
Tamisez la farine et réservez.
Cassez les oeufs dans un saladier, fouettez avec le sucre.
Placez le saladier dans un bain marie pour obtenir un mélange mousseux.
Placez le saladier dans un bain marie pour obtenir un mélange mousseux.
Incorporez la farine petit à petit avec une cuillère en bois. Rajoutez les zestes du citron.
Préchauffez le four à 180° ou th. 6.
Répartissez la préparation dans des petits moules ronds et laissez cuire 15 mn.
Démoulez et laissez refroidir.
Démoulez et laissez refroidir.
Pendant la cuisson, préparez le glaçage. Mélangez à la cuillère en bois le sucre glace, le blanc d'oeuf,
le vinaigre ou le jus de citron.
Piquez les tétons d'une pointe de couteau placée en biais ( l'horreur continue )
et trempez les dans le glaçage.
et trempez les dans le glaçage.
Déposez les sur une grille recouverte de papier cuisson,
posez une jolie cerise confite sur le dessus, et laissez durcir !!!!.
posez une jolie cerise confite sur le dessus, et laissez durcir !!!!.
![]() |
Blandine et les lions. Version expurgée. |
J'avais un livre d'histoire à l'école qui racontait les persécutions subies par les premiers chrétiens, et qui citait comme exemple édifiant le martyre de Sainte Blandine. Ma mémoire conserve intacte les détails de cette terrifiante illustration du combat spirituel de cette jeune donzelle pure et très vaillante. Parce qu'elle s'entêtait, et ne voulait pas renoncer à sa foi, la douce Blandine fut livrée aux lions dans l'arène. Alors que les autres croyants jetés aux fauves étaient dévorés tout crus, elle fut épargnée ( cela s'appelle un miracle ! ) et les bêtes féroces s'assirent à ses pieds mignons, sur lesquels la poussière et le sang de ses compagnons d'infortune glissaient sans laisser de sinistres macules. Une image du livre montrait Blandine, drapée dans une longue robe blanche aux plis impeccables, les lions soumis bien sagement assis. Tout autour dans l'arène, des paquets sanglants figuraient les restes des chrétiens déchiquetés, petits tas informes qui me submergeaient de dégoût. Animée d'un fol espoir, je regardais Blandine, qui étrangement levait les yeux au ciel, comme si tout ce cirque l'ennuyait prodigieusement ! Fut-ce pour la punir de son manque d'intérêt affiché ( il est vrai que dans sa situation, elle devait se montrer davantage concernée ) mais Marc-Aurèle, empereur à l'époque, plutôt blasé question miracle, refusa de reconnaître ses talents de dompteuse. Alors que je la croyais sauvée, la pôvrette fut flagellée, rôtie sur un grill rougi au feu, imaginant l'aspect que la malheureuse pouvait bien présenter après un tel mode de cuisson, mon coeur se soulève, mais rien n'y fit. Elle persistait à vouloir rester en vie. Je t'en supplie, Blandine, accepte de mourir, je n'ai que 7 ans, tu ne peux pas continuer comme ça à m'infliger ton calvaire. Pour finir, entortillée dans un filet, elle fut jetée entre les cornes d'un taureau furieux qui eut ( enfin ! ) raison d'elle. C'est exceptionnel comme façon de mourir, et je reste confondue par la créativité des tortionnaires de son temps. Après un tel traitement de faveur, elle eut le droit d'aller au Paradis, où Dieu l'attendait sans impatience malgré le temps qu'il lui avait fallu pour le rejoindre ( et dans quel état elle arriva ! Est-ce qu'elle est restée comme ça pour l'éternité, carbonisée et sanguinolente, éclaboussant de vermillon la blancheur du Paradis, la ouate des nuages et les robes immaculées des anges ? ).
Pour aller au Paradis, il faut faire des choses invraisemblables, lécher les plaies des lépreux, garder un corps intact et sentir bon longtemps après la mort ( valable uniquement pour ceux et celles qui n'ont subi que des tortures intérieures ), se faire écorcher, découper en rondelles, frire, percer de flèches, et comme Sainte Catherine décapiter au sabre. Une charmante comptine raconte son histoire exemplaire.
Catherine était la fille, la zim boum boum,
Catherine était la fille, la fille d'un méchant roi, voilà, voilààààààààà,
Catherine était la fille, la fiiiiiiiiiiiiiiiille d'un méchant roi.

Pour arriver à avaler ça, je devrais inventer une recette de gâteau, un enfer au chocolat noir, dégoulinant de coulis de fruits rouges, fourré d'amandes effilées comme des lames de rasoir, surmonté d'un paradis moelleux et fondant, nimbé d'un nuage de crème Chantilly, lumineux et pur.
Inscription à :
Articles (Atom)