Une bourgade de la Côte d'Azur s'illustra dans les années 50 dans la fabrication de barbotines charmantes et lumineuses que l'on trouve encore dans les brocantes et les vide-greniers. Amphores brisées dont la béance laissait voir l'intérieur, poissons le ventre découpé, coquillages aux valves entrouvertes laissant admirer un décor marin, algues dentelées, petits poissons frétillants, anémones ébouriffées, coquillages et étoiles de mer. Les couleurs de la faïence étaient vives et pimpantes, brillantes et surlignées de filets d'or, et une petite ampoule s'allumait le soir, révélant les profondeurs d'une grotte, accrochant des reflets d'émail et de nacre. Le fond de la mer devenait bijou de fantaisie, petit trésor de pacotille dans son écrin, luisant gaiment dans le noir de la chambre, découpant des formes sous-marines au plafond et veillant paisiblement sur le sommeil. Les barbotines de Vallauris devinrent célèbres, contrepoint populaire et accessible des créations illustres de Picasso, Chagall ou Matisse, transportant le soleil et la luxuriance de la Méditerranée, univers miniature éclatant de vitalité, dans les foyers de France. Elles pétaient la joie, un tantinet vulgaires et totalement kitsch, clinquantes, excessives, ravivant sans complexe le souvenir des vacances. Elles trônaient sur la télévision aux formes arrondies, sur le rebord en brique rouge de la cheminée, et la table de chevet en rotin, parfaitement assorties au lampadaire en fer forgé, éléments incontournables de la déco des années 50, qui s'affranchissait de la grisaille et de la sévérité. Même le fil électrique était décoratif, turquoise ou orange, et le soin du détail contaminait l'interrupteur en bakélite ( petite olive craquante avec son poussoir récalcitrant ) et la prise, parfois bicolores. Elles allumaient une part de rêve et de légèreté, témoins naïfs du développement du tourisme de masse sur la côte d'Azur, icônes, avec les cartes postales dentelées, et les coffrets à bijoux incrustés de bigorneaux ( ah ! la petite étiquette en papier doré, estampille de la mémoire ), du souvenir fabriqué en série.La Princess' plus camion que carrosse qui préfère la fée Carabosse.
mercredi 9 novembre 2011
L'ivresse des profondeurs
Une bourgade de la Côte d'Azur s'illustra dans les années 50 dans la fabrication de barbotines charmantes et lumineuses que l'on trouve encore dans les brocantes et les vide-greniers. Amphores brisées dont la béance laissait voir l'intérieur, poissons le ventre découpé, coquillages aux valves entrouvertes laissant admirer un décor marin, algues dentelées, petits poissons frétillants, anémones ébouriffées, coquillages et étoiles de mer. Les couleurs de la faïence étaient vives et pimpantes, brillantes et surlignées de filets d'or, et une petite ampoule s'allumait le soir, révélant les profondeurs d'une grotte, accrochant des reflets d'émail et de nacre. Le fond de la mer devenait bijou de fantaisie, petit trésor de pacotille dans son écrin, luisant gaiment dans le noir de la chambre, découpant des formes sous-marines au plafond et veillant paisiblement sur le sommeil. Les barbotines de Vallauris devinrent célèbres, contrepoint populaire et accessible des créations illustres de Picasso, Chagall ou Matisse, transportant le soleil et la luxuriance de la Méditerranée, univers miniature éclatant de vitalité, dans les foyers de France. Elles pétaient la joie, un tantinet vulgaires et totalement kitsch, clinquantes, excessives, ravivant sans complexe le souvenir des vacances. Elles trônaient sur la télévision aux formes arrondies, sur le rebord en brique rouge de la cheminée, et la table de chevet en rotin, parfaitement assorties au lampadaire en fer forgé, éléments incontournables de la déco des années 50, qui s'affranchissait de la grisaille et de la sévérité. Même le fil électrique était décoratif, turquoise ou orange, et le soin du détail contaminait l'interrupteur en bakélite ( petite olive craquante avec son poussoir récalcitrant ) et la prise, parfois bicolores. Elles allumaient une part de rêve et de légèreté, témoins naïfs du développement du tourisme de masse sur la côte d'Azur, icônes, avec les cartes postales dentelées, et les coffrets à bijoux incrustés de bigorneaux ( ah ! la petite étiquette en papier doré, estampille de la mémoire ), du souvenir fabriqué en série.
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