La Princess' plus camion que carrosse qui préfère la fée Carabosse.

lundi 14 novembre 2011

Les chouettes chaussettes de l'archiduchesse


J'ai aujourd'hui une folle envie de parler chaussettes. De vraies chaussettes, les seules qui vaillent, celles qui sont tricotées à la maison, avec tous les restes de laine rescapés de travaux d'aiguille plus ambitieux, et enroulés en petites pelotes et écheveaux qui tapissent le fond de la corbeille à ouvrage. Je trouve que le bas de laine est un sujet approprié aux temps de crise. Il suggère l'économie, mais plus que la sauvegarde d'un pécule chargé de se prémunir d'un avenir incertain, il concrétise le talent de créer quelque chose de beau avec presque rien. Les chaussettes tricotées sont généreuses : elles sont confortables, chaudes, affectueuses avec les pieds, et leur côté roots, qui pourrait manquer de raffinement dans certaines circonstances, n'est pas un handicap pour notre image, si leur usage est réservé à l'intimité du foyer. Leur aspect définitif est assujetti à la quantité de laine dans les pelotes, aussi elles sont le plus souvent dissemblables, mais toujours leur duo reste harmonieux. Singulières mais néanmoins en couple, elles remplacent avantageusement tous les chaussons et autres pantoufles, la plupart du temps totalement dépourvus de sex-appeal. Je le proclame, la chaussette de laine tirebouchonnée sur un pantalon de jogging avachi a un effet désastreux sur l'estime de soi ( la nôtre, et celle que les autres nous portent ) et l'apanage des archiduchesses revêches et souillons, mais avec un short moulant et des gambettes qui vont avec, le résultat est tout autre. La version plus chic, assortie d'un long pull-over cachemire, est une suggestion réservée aux princesses. Et puis, évoluer dans la maison en chaussettes, permet de s'adonner au plaisir de la glissade comme moyen de locomotion et de gagner un temps précieux dans la traversée du couloir, comme de s'asseoir sur les fauteuils les jambes repliées sous les fesses, ma position favorite, sans avoir besoin d'enlever ses godasses. Là aussi l'avantage est loin d'être négligeable, sans compter le frisson né de la transgression délicieuse d'un protocole guindé. Je m'élève fortement contre cette opinion qui accuse la chaussette de laine d'être urticante. Elle s'adoucit au fil des lavages, et devient moelleuse en prenant de l'âge, et les pieds délicats peuvent être protégés en glissant sur leur épiderme fragile une fine socquette de fil, ou, luxe extrême, de soie, tout risque d'allergie ainsi définitivement écarté.

Dernier point que je tiens à soulever ici, la chaussette tricotée donne envie de la repriser pour la garder plus longtemps. Le raccommodage contribue encore à accentuer la tendresse qu'elle provoque en soi, et son joyeux rafistolage évoque la compassion. Je suis intimement persuadée des vertus de la réparation des choses sur la guérison de nos propres blessures. Repriser, repeindre, restaurer un meuble par exemple, nous aident à reconquérir notre appétit de vivre en reconnaissant nos bobos intimes qui deviennent nos forces alliées. Si la bienveillance s'installe pour nous-même, elle a de fortes chances de s'étendre aux autres. Ainsi la chaussette de laine tricotée agit comme une bienfaitrice de l'Humanité.

Noël approche, et j'offre au famous blog un sapin primeur. J'ai découvert un parapluie Christmas tree du plus bel effet. Se protéger des gouttes de pluie sous un arbre de Noël en nylon vert à étages, bordés d'un ruban froncé, est une perspective qui me ravit. J'imagine quelques boules supplémentaires, de quoi me transformer en carte de voeux ambulante, allumer le temps maussade et raviver Noël dans le coeur des passants.

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